Le grand voyage

  Tran Van Khê retourne au Vietnam, son pays natal, peut-être pour la dernière fois. Vu son grand âge, c’est chaque fois ce qu’il pense ! C'est là bas que nous le filmerons, chez lui, avec ses amis, dont le musicien Nguyen Vinh Bao, et sur des lieux marquants de sa vie.Ses élèves, ses disciples, l'accueillent comme ils le font à chacun de ses retours, heureux de lui montrer les progrès qu'ils ont fait tant dans l'apprentissage de la musique et des chants traditionnels que dans les travaux de recherche et de récolte du patrimoine musical vietnamien              

 

Dong Hoa

Lorsqu'il retourne au Vietnam, il vient toujours se recueillir sur la tombe de ses parents à Dong Hoa son village natal. Orphelin très jeune, il a conservé un amour immense pour sa mère morte lors d’une manifestation contre l’occupation française.C’est dans ce village qu'il nous raconte son enfance, les circonstances de la mort de sa mère ...            

 

Hué capitale impériale

Hué, ancienne capitale impériale où son arrière grand père fut musicien à la cour. Sur un bateau de la mythique Rivière des Parfums, de jeunes artistes font un récital de chants traditionnels pour lui rendre hommage.Au bord des larmes, l’émotion est forte pour cet homme qui a toujours su que la musique traditionnelle vietnamienne était plus appréciée hors du Viet Nam qu’à l’intérieur même du pays, sans doute par souci de « modernité et d’occidentalisation » du gouvernement et de la jeunesse.

 La musique et l'Histoire

Lors de l'émission Une oreille sur le monde de Radio Canada, Elisabeth Gagnons présentait Tran Van Khê : « Le Professeur Tran Van Khê est un ambassadeur non seulement de la musique mais aussi de la paix. C'est ainsi qu'il est présenté dans les journaux parce que souvent invité dans des pays où il y avait des conflits, des hostilités. Mais un peu comme Yehudi Menuhin avec qui il a déjà joué, il se situe au dessus de tous les conflits grâce à sa musique. Pour le Professeur Tran Van Khê, il n'y a jamais eu de frontière pour les gens qui parlaient le langage de la musique et qui sont animés par le même soucis que le sien, c'est à dire l'échange, la préservation, la conservation du patrimoine ancien et surtout aussi, ce qui est très important pour lui, la transmission du savoir. Pour lui, il n'y a pas de rideau de fer ou de bambou. Cela ne compte pas ». Certes, le professeur Tran Van Khê est « bien résumé ». Mais ce serait comme résumer Malraux uniquement en parlant de ses romans, en oubliant qu’il était un homme engagé dans la Résistance française après l’avoir été auprès de la République Espagnole dans son combat contre le franquisme.

 

Devant la rivière où il s'est enfuit au bord d'une barque avec l'aide d'un soldat français, il nous parlera plus en détail de cette partie méconnue de sa vie.Même si en 1949 Tran Van Khê quitte son uniforme de maquisard Viêt-Minh pour partir en France, il continuera son combat sous d’autres formes en étant journaliste puis en s’inscrivant à Sciences Po pour mieux comprendre les enjeux politiques, mieux les analyser et servir son pays.Nous le retrouvons en Bretagne avec son ami François Le Bouteiller, soldat français engagé volontaire au Viet Nam qui l'hébergea en France.Il ne sait pas encore qu'il lui faudra plus d'un quart de siècle pour fouler à nouveau le sol de son pays, mais chaque fois pour une courte mission pour le CNRS ou l'UNESCO.